L’ancien chirurgien Joël Le Scouarnec a été condamné mercredi 28 mai à 20 ans de réclusion criminelle pour des viols et agressions sexuelles sur 299 victimes. À l’initiative de la Fondation pour l’Enfance, ce texte collectif tire quelques leçons d’un procès « hors norme ».
TRIBUNE :
299 victimes. 202 constitutions de partie civile. Plus d’une centaine de témoignages de victimes, directes et indirectes. « Hors normes ». Voilà comment le procès Le Scouarnec est présenté dans les médias depuis son ouverture, le 24 février dernier. Et hors normes il l’est, ces chiffres en sont l’illustration.
Pourtant, alors que Joël Le Scouarnec a été condamné mercredi 28 mai à 20 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur 299 personnes, majoritairement des enfants, plusieurs questions nous taraudent : que restera-t-il de cette « hors normalité » ? Quelles leçons notre société, nos institutions, nos administrations tireront-elles des dysfonctionnements, des défaillances, des aveuglements, qui ont permis à Joël Le Scouarnec d’agresser sexuellement et de violer des centaines de personnes, principalement des enfants, durant trois décennies ? Quelles leçons tirerons-nous des témoignages des victimes sur les conséquences des violences qu’elles ont vécues dans cette affaire ?
Des dysfonctionnements, des défaillances, des aveuglements, il y en a eu. Ceux-ci ne sont pas une exception, un loupé. Ils sont le fait d’un système, d’un ordre qui perdure dans toutes les strates de notre société depuis des décennies, fondé sur le silence, le déni, l’entre-soi, la déresponsabilisation.
Le silence et le déni, l’affaire Joël Le Scouarnec en est un cas d’école. Ces trois mois de procès ont permis de mettre en lumière l’omerta, l’aveuglement, la banalisation qui ont régné à tous les niveaux, et qui perdurent encore aujourd’hui.
Dans l’entourage de Joël Le Scouarnec tout d’abord. Les témoignages de ses proches ont révélé une cellule familiale gangrénée par les violences sexuelles incestueuses et extra familiales, sur des générations, qu’on taisait, qu’on enfouissait.
Un chirurgien respectable
Dans le milieu médical dans lequel Joël Le Scouarnec évoluait, ensuite. Anciens collègues, responsables hiérarchiques des hôpitaux, responsables ordinaux, cadres de l’administration se sont succédé à la barre. Des dizaines d’heures durant lesquelles la cour et les parties au procès ont tenté de comprendre comment et pourquoi Joël Le Scouarnec avait pu continuer à exercer son métier de chirurgien, et en profiter pour agresser sexuellement et violer plusieurs centaines d’enfants, pendant plus de 30 ans, sans être inquiété. […]
Pour lire la suite, c’est par ici