#Metooinceste. « Il faut maintenant que le reste de la société ait le courage d’agir »…

#Metooinceste. « Il faut maintenant que le reste de la société ait le courage d’agir »…

Pascal Cussigh : « La formation initiale des avocats à la protection de l’enfance est proche du néant. » | BÉATRICE LE GRAND, OUEST-FRANCE

Avec le Collectif pour l’enfance, Pascal Cussigh demande un seuil d’âge pour l’inceste à 18 ans. Entretien.

Êtes-vous surpris par le mouvement #MeTooinceste ?

On savait ce fléau considérable. Ne prenons que les chiffres police/gendarmerie : un viol ou une tentative de viol sur enfant a lieu toutes les heures en France. Soit vingt-quatre ou vingt-cinq enfants victimes par jour. Et on ne parle là que de ceux qui ont parlé. Alors que la majorité ne parle pas… Pour toutes les personnes qui ont eu le courage de témoigner ces derniers jours, il faut maintenant que le reste de la société ait le courage d’agir.

Emmanuel Macron a annoncé le remboursement des soins psychologiques. Une bonne piste ?

 

Oui, de nombreuses victimes aimeraient un suivi thérapeutique, mais ne peuvent l’entamer pour des raisons financières. Aujourd’hui, c’est possible dans les centres médico-psychologiques et à l’hôpital, mais ces structures sont saturées. Pouvoir se rendre chez un psychologue libéral avec la garantie du remboursement, c’est extrêmement important.

Pascal Cussigh, avocat et secrétaire du Collectif pour l’enfance, qui regroupe trente-trois associations. | DR

Deux dépistages auprès des enfants sont aussi envisagés…

C’est essentiel. Mais ça ne suffit pas. Encore faut-il que les professionnels en contact avec les enfants soient formés pour déceler les signes de maltraitance. On est très en retard.

Seulement 5 % des signalements de violences sur enfant nous parviennent des médecins, alors qu’ils devraient être en première ligne. Mais ils ne sont pas du tout formés au psycho-traumatisme.

De même, la formation initiale des avocats à la protection de l’enfance est proche du néant. Je suis bien placé pour le dire, je suis avocat. Côté magistrat, c’est un peu mieux depuis dix ans. Chez les enquêteurs de la police et de la gendarmerie, une vraie réflexion est engagée, mais on part de très loin.

Une mission va se pencher sur l’inceste. Le Collectif pour l’enfance bataille pour l’instauration d’un âge de non-consentement…

Il est essentiel que les pouvoirs publics avancent sur ce sujet. La loi Schiappa de 2018 n’a apporté aucune protection supplémentaire.

Nous défendons un âge de non-consentement sexuel à 15 ans et non 13 ans comme l’a adopté le Sénat la semaine dernière. 13 ans, c’est un début, mais c’est insuffisant : cela laisserait entendre qu’à partir de 13 ans et un jour, on pourrait consentir à un acte sexuel avec un adulte, y compris dans les cas d’inceste.

Nous demandons d’ailleurs aussi un seuil d’âge pour l’inceste à 18 ans. Pour qu’un jeune de 16 ans violé par son père ne soit plus questionné sur son consentement. C’est délétère. Délétère pour la victime, délétère aussi pour l’agresseur dont l’agression est banalisée. Car si on établit que le jeune a pu consentir, ce n’est plus du viol, donc plus un crime, mais un délit. Jugé non plus aux Assises, mais en deux heures au tribunal correctionnel.

Source : #Metooinceste. « Il faut maintenant que le reste de la société ait le courage d’agir »…

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